Témoignage : Guide pour la réalisation d’un diagnostic du gaspillage alimentaire en IAA

Guide pour la réalisation d’un diagnostic du gaspillage alimentaire en IAA

Témoignage de Jessica PETIT RECKE, Direction Responsable Réglementation & Nutrition – Groupe Euralis

Bonjour à toutes et à tous. Je suis Jessica PETIT, de la coopérative agricole EURALIS, située dans le Sud-ouest de la France, près de Pau. EURALIS regroupe plusieurs pôles d’activités, notamment dans l’agriculture, les semences, et l’alimentaire. En tant que responsable de la réglementation et de la nutrition au sein de notre direction RSE, j’ai contribué à la rédaction du guide sur le gaspillage alimentaire dès la première version en 2023 en collaboration avec notre interprofession, PACT’ALIM et l’appui technique du CTCPA au sein d‘un groupe de travail dédié.

Dans notre démarche, l’enjeu principal était d’intégrer le volet réglementaire, notamment en réponse à la loi AGEC en vigueur depuis 2020, et de préparer l’entreprise aux obligations de diagnostic du gaspillage alimentaire. Au départ, nous avons rencontré des difficultés pour adapter les formulaires de l’ADEME à notre réalité terrain, ce qui a un peu découragé les équipes. Mon rôle a donc été de remobiliser les équipes, en leur présentant ce diagnostic comme une première étape cruciale d’une stratégie de réduction du gaspillage sur le long terme, et non comme une simple formalité administrative.

Un point clé a été la constitution d’une équipe d’experts regroupant les services qualité, HSE, et contrôle de gestion. Cette approche collaborative a permis à chacun d’apporter son expertise tout en assurant une bonne coordination. Certains sites ont même mis en place des sous-équipes impliquant des opérateurs de ligne pour obtenir une vision encore plus fine des processus.

Le guide, très pédagogique, nous a été d’une grande aide pour structurer notre démarche étape par étape. J’ai accompagné les équipes pour qu’elles se familiarisent avec les définitions et étapes de la démarche. En avançant progressivement et en définissant des jalons clairs, nous avons pu mener ce diagnostic à un rythme maîtrisé, en tenant compte des ressources et du temps nécessaires pour chaque étape.

La première étape a été de définir le périmètre de notre diagnostic. Avec plusieurs sites répartis en entités juridiques, nous avons vite conclu qu’une approche multisite ne permettrait pas un suivi efficace des plans d’action. Nous avons donc opté pour une analyse par site.

Pour comparer les données entre sites, nous avons défini des unités de mesure adaptées : les sites de transformation sont mesurés en tonnes de produits finis, tandis que les abattoirs sont évalués par le poids vif des animaux entrants. Cette harmonisation a permis aux équipes de se challenger sur la collecte et le suivi des données. Par exemple, certains gisements identifiés ne disposaient pas de données précises. Dans ces cas, nous avons noté les approximations et prévu d’affiner les mesures dans nos plans d’action.

Un autre enjeu important était de garantir l’homogénéité des pratiques entre sites en intégrant l’arbre de décision du guide, notamment pour distinguer les pertes évitables des inévitables. En comparant les pratiques des différents sites, nous avons pu échanger des bonnes pratiques et ajuster les critères d’analyse pour un diagnostic plus uniforme.

Côté méthode, nous avons structuré notre approche en mode projet, avec des jalons d’avancement et des revues régulières, ce qui a favorisé l’engagement des équipes et permis de progresser à un rythme équilibré. Cette démarche s’appuie aussi sur les études HACCP, une ressource précieuse pour identifier les gisements potentiels et garantir une analyse complète à chaque étape.

Dans notre diagnostic, l’étude HACCP a joué un rôle essentiel pour valider nos données et ajuster les pratiques. Pour favoriser la comparabilité des résultats, nous avons également travaillé sur deux exercices budgétaires, ce qui nous permet de mieux évaluer les progrès année après année et d’associer directement les résultats à notre plan d’action.

Pour définir les priorités dans notre plan d’action, nous avons classé les gisements en fonction de leur volume et aussi parfois de leur impact économique, ce qui nous aide à hiérarchiser les actions selon leur importance stratégique. Par exemple, bien que certains gisements aient un volume limité, leur impact économique les rend prioritaires en raison de la valeur ajoutée élevée de nos matières premières, comme le canard gras. L’aspect financier est donc un critère clé pour guider nos efforts de réduction des pertes.

Nous fixons également des objectifs de réduction pour chaque période. Même si nous atteignons nos objectifs actuels, le bilan de fin d’exercice sert de base pour de nouveaux objectifs, créant ainsi une dynamique d’amélioration continue essentielle à la fois pour la conformité aux objectifs nationaux, pour notre démarche RSE et pour notre performance industrielle.

La coopération entre services est cruciale. Pour les équipes, le gaspillage est souvent perçu sous l’angle des dons alimentaires, du déclassement ou des pertes de produits finis. Mais en prenant du recul et en analysant l’ensemble des activités, nous avons pu identifier des pertes moins visibles mais significatives.

Enfin, l’évolution des voies de valorisation est l’une des principales pistes identifiées pour nos plans d’action. De nouvelles solutions apparaissent régulièrement dans notre secteur, ce qui nous permet de réévaluer et d’optimiser nos pratiques de valorisation des sous-produits et déchets, tout en alignant l’entreprise aux évolutions rapides du contexte économique et réglementaire.

-> Télécharger le guide

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Contacts :

CTCPA : Margaux COLOMBIN, Cheffe de projets environnement – mcolombin@ctcpa.org & Pauline AUDOYE, Cheffe de projets environnement et RSE – paudoye@ctcpa.org

EURALIS : Jessica PETIT RECKE, Direction Responsable Réglementation & Nutrition – jessica.petit@euralis.com